Dans la vallée de la Bresle, chaque personne ayant travaillé dans le flaconnage ou la verrerie connaît ce vacarme qui accompagne les journées de travail. Ici, on ne fait pas que du verre : on façonne des flacons de luxe avec des machines bruyantes, dans un bruit de fond assourdissant.

Le bruit : un compagnon constant

Les fours qui tournent sans arrêt, les moules qui claquent, les bris de verre, le roulement des flacons sur les tapis de tri : c’est une cacophonie métallique et répétitive. Beaucoup d’anciens ont perdu une partie de leur audition à force d’années passées dans ces environnements sonores agressifs. En effet, à l’époque, Le port de protections auditives était rare, surtout avant les années 80.

Certains se souviennent que, dans l’atelier, les plus jeunes ouvriers étaient impressionnés par le bruit des flacons qui roulaient violemment, l’écho des machines ou le déchargement du verre recyclé. “On s’y habituait, mais à la maison, le silence devenait presque angoissant”, confie une ancienne trieuse.

Un bon verrier se reconnaissait à son “coup de main”, mais aussi à son habitude du bruit et hélas, à ses acouphènes, à sa difficulté de comprendre les discussions familiales en dehors de celles, hurlées, à l’usine. “En sortant, on avait la tête comme une casserole”, raconte un mouleur aujourd’hui retraité.

Le luxe a un prix… pour les oreilles

Fabriquer du flaconnage haut de gamme implique des gestes précis – polir le verre à la roue, contrôler à l’œil, ajuster les décors à la main – la concentration est telle qu’on oublie le bruit permanent autour de soi. Mais les conséquences, elles, arrivent insidieusement : perte d’acuité, sifflements, parfois surdité reconnue en maladie professionnelle.

Le bruit ambiant dépasse fréquemment les 85 dB, exposant les ouvriers à des risques majeurs de lésions auditives : surdité professionnelle, pertes d’audition, et acouphènes au fil du temps. Les plus anciens se souviennent d’interventions pour adapter les ateliers ou installer des panneaux absorbants, mais le port de protections auditives n’était pas systématisé

La reconnaissance du risque, un progrès collectif

Aujourd’hui, les ateliers de la Glass Vallée s’équipent davantage en matériaux acoustiques, organisent des formations et des campagnes de sensibilisation. L’évolution des normes invite à des audiogrammes réguliers et au port de protections auditives sur les postes les plus exposés. À travers ces modernisations, le respect de la mémoire ouvrière et la transmission des gestes restent essentiels à la culture du flaconnage.

Liens utiles et témoignages

Traumatisme sonore : vécu quotidien dans l’industrie du flaconnage de la Bresle